Etre ou ne pas être artificiel

Etre ou ne pas être artificiel

Rabelais n’envisageait pas, en décrivant la science sans conscience comme une ruine de l’âme, qu’il faudrait le prendre à la lettre à l’heure de la robotique. En effet, si les mécatroniciens rivalisent chaque jour de prouesse pour sophistiquer les performances scientifiques des automates, seule la compréhension des paramètres du monde réel, forme de conscience, définit le statut d’un robot.

La mystérieuse intelligence artificielle, chère à Turing dès l’après-guerre et isolée au cœur de micro-processeurs, a occulté le véritable défi des roboticiens : donner aux machines la capacité de percevoir leur environnement pour interagir avec lui. De nombreuses entreprises françaises se sont spécialisées dans l’art de doter les machines de sens au travers de capteurs complexes.

A Toulouse, AlphaMOS emploie 60 personnes pour fabriquer depuis 1998 des nez et des langues artificielles capables de distinguer les grandes années d’un Château bordelais ou identifier des bactéries à leurs odeurs. L’entreprise intègre actuellement ces éléments dans des robots de sécurité pour la détection de gaz toxiques mais également dans des appareils ménagers pour goûter les plats en préparation ou informer sur la fraîcheur d’un aliment.

A Lyon, Cityzen Sciences, et le consortium français qui l’accompagne, ont déjà déposé plus de 50 brevets sur des tissus qui savent recueillir des données par simple contact. Ils sont à la base de ce qui donnera aux machines un sens du toucher. D’après son PDG, Jean -Luc Errant, « les capteurs qui sont ajoutés au tissu, seront bientôt intégrés dans le fil pour fabriquer un véritable tissu intelligent permettant des interactions tactiles entre l’homme et les robots. »

C’est aussi dans le domaine de la vision dynamique, loin d’un simple enregistrement d’image que réside un enjeu essentiel : « Il s’agit de modéliser en temps réel le monde entourant le robot pour qu’il puisse distinguer les types d’obstacles, apprécier les distances et se mouvoir sans erreur. Lui donner des yeux ne suffit pas, il faut qu’il comprenne son environnement dans toutes ses dimensions » explique Olivier Garcia, spécialiste des lasers 3D.

Les robots, au delà de leur « intelligence logicielle », doivent ainsi perfectionner leurs sens pour s’ouvrir à une « conscience artificielle », condition essentielle à leur intégration dans notre quotidien.

 

Bruno Bonnell

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