Corobo-ergo-sum

Corobo ergo sum !

Moshe Vardi, éminent professeur de l’université de Rice, affirme que d’ici 2045, les robots seront capables d’exécuter la grande majorité des tâches aujourd’hui dévolues aux hommes, les privant ainsi d’activité. Il pousse son raisonnement jusqu’à imaginer un monde sans travail humain.
Thomas Frey, futurologue de l’Institut Da Vinci cite les taxis, les chauffeurs de bus et de camions comme des populations en voie d’extinction et on pourrait rajouter à cette liste, les livreurs, caissières, pilotes d’avion, et bien d’autres. Car aucun secteur ne semble épargner par la robotisation.

Ces inquiétantes prédictions conduisent à nous interroger, comme Larry Summers, ancien secrétaire du trésor américain, convaincu que le plus grand défi du siècle n’est pas la course à la compétitivité mais les impacts sociétaux de transformations technologiques inéluctables. Le monde a pourtant déjà connu ce type de mutation qualifié de « grande remise a plat », « Great Reset  » en anglais, notamment lors de la révolution industrielle qui a bouleversée l’agriculture et fait disparaître le monde de la force animale. Ce qui toutefois semble plus problématique aujourd’hui est que le compte n’y est pas entre la génération de nouveaux emplois et la disparition des anciens. Si Apple ou Google connaissent des croissances spectaculaires, ils n’emploient qu’une fraction des effectifs d’un Ford ou Unilever.

Doit-on par conséquent limiter l’innovation technologique pour préserver l’équilibre social ? Même si on l’imposait, la compétition internationale nous forcerait à réviser cette position.

La piste de réponses à cette question cruciale passe probablement par une acceptation des mutations induites par l’avènement massif de machines intelligentes. D’évidence, les routes seront plus sures avec des voitures sans conducteurs, les opérations complexes moins invasives avec des robots chirurgiens, les vies difficiles simplifiées par les robots d’assistance aux personnes. L’Homme ne doit plus n’être que simple force de travail ou pilote d’engins. Collaborant désormais avec les robots pour optimiser toute exécution de tâches, il doit trouver sa place dans les domaines de la créativité, de la formation et de l’attention à l’autre. Il va devoir évoluer vers plus d’humanité et de savoir. C’est le pari gagnant de la co-botique.

Bruno Bonnell

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