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Robotique : les derniers mètres de service

Les derniers mètres, étape ultime dans la granulométrie des transports, est celle qui reste la plus complexe et la plus coûteuse pour les opérateurs. Comment concurrencer efficacement le déplacement individuel si on ne peut garantir confortablement l’arrivée devant leurs portes aux citadins ? L’arrêt de métro ou de bus est toujours trop lointain. Les bagages ou courses, trop lourdes. Autant d’excuses pour perpétuer l’usage de voitures individuelles, aberrations économiques qui passent plus de 90% de leur vie parquées ou garées dans les rues, encombrant par la même plus du quart des surfaces d’une métropole.

Elon Musk, lors d’une récente conférence de presse en Norvège, a évoqué son idée d’un bus autonome formé de capsules individuelles pour un transport point à point. L’assistance aux personnes âgées ou handicapées est également littéralement saturée d’idées d’objets intelligents, allant jusqu’au robot compagnon susceptible de se substituer à toute aide humaine. Au nom de la productivité, on recherche l’automatisation de toutes les tâches au prix de leur déshumanisation.

Pour ces deux exemples de problématiques, s’il n’y a probablement aucune barrière technologique à terme, les investissements financiers et intellectuels pour assurer une qualité de service satisfaisante sont certainement excessifs. La pensée « tout robotique » n’est ni éthique, ni économiquement viable. Les solutions hybrides, associant l’homme aux systèmes automatiques, ont certainement plus d’avenir.

Les chercheurs américains Hamid Ekbia et Bonie Nardi proposent d’ailleurs le néologisme heteromation pour décrire cette collaboration entre l’homme et la machine. Celle-ci est trop souvent présentée comme un asservissement de l’homme par l’algorithme.

Néanmoins, un taxi humain relais ou un assistant médical connectés et assistés par des robots ajouteront la perspicacité humaine à l’efficacité de la machine. Leurs rôles se transformeront : le chauffeur apportera le bénéfice de la disponibilité et pourra davantage interagir avec son client ; l’infirmier, libéré des tâches techniques, dialoguera plus avec son patient.

Loin d’établir un monde aseptisé, la robotique est une opportunité de revalorisation des métiers de services dont les derniers mètres doivent rester humains.

Bruno Bonnell.