start-up

Le nécessaire apprentissage industriel des start-ups

On ne peut que s’enorgueillir de la dynamique entrepreneuriale française dans les domaines du numérique et de la robotique. Leur nombre estimé à plus de 10 000 au cours des 5 dernières années d’après le site 1001startup.fr cache toutefois une autre réalité : un taux d’échec de 90%. Elles sont pourtant créées en large majorité par des fondateurs de niveau Bac+5 et plus, sensés avoir les méthodes et qualifications pour prévenir les risques.

Au delà de l’enthousiasme de cette « forêt primaire » d’innovations et de l’acceptation d’un principe de sélection naturelle, il faut s’interroger sur les raisons de cette faible performance. On les résume trop facilement au manque de financement alors que nous disposons d’un arsenal varié d’accès à des fonds initiaux. Si seulement 25% d’entre elles ont accès aux sociétés de capital-risque, les différents mécanismes soutenus par la BPI notamment, sont des sources efficaces de moyens.

Ne faudrait-il pas plutôt blâmer une approche « téméraire » de l’entrepreneuriat : concentrée sur la création d’un produit unique né d’une idée originale, la plupart des start-ups limite leur stratégie au développement d’un produit spécifique pour un contexte tout aussi spécifique. Ceci a pour avantage incontestable l’efficacité optimum de l’artisan qui met tout son art dans la réalisation… Mais qui se soucie trop peu  du passage à l’échelle et de ses contraintes : fiabilité, capacité à évoluer, maintenance…

Dans le domaine du logiciel, l’usage est d’accepter tacitement que la complexité peut engendrer des bugs et qu’ils sont ajustables en ligne via le téléchargement de nouvelles versions.

Il en va tout autrement dans le domaine de la robotique ou de l’objet intelligent car toute production réalisée est définitive. Il convient donc d’adopter une posture entrepreneuriale différente en replaçant le produit dans un autre contexte : aller au delà de l’innovation et intégrer une dimension industrielle à leurs inventions. Cela implique une démarche plus formelle, une attention particulière portée au processus de documentation pour transmettre l’information, une réflexion sur la réutilisation de leurs actifs, …

De nombreuses start-ups garantiront ainsi leur avenir et rassureront les investisseurs en développant un nouveau savoir-faire industriel qui leur fait trop souvent défaut aujourd’hui.

Bruno Bonnell.