Difference-artificielle

Différence artificielle

La paréidolie est la tendance du cerveau à créer du sens par l’assimilation de formes aléatoires à des formes référencées. Par exemple, l’humain a tendance à deviner un visage dans un nuage ou une tache. Alexander Mordvintsev, Christopher Olah et Mike Tyka ont créé le programme Google Deep Dream, basé sur les réseaux neuronaux éduqués à reconnaître des formes : ils lui ont demandé d’optimiser les photos qu’il analysait suivant ses propres règles. Le résultat de chaque photographie travaillée est une interprétation originale qui n’a aucun référentiel humain.

Barocas Solon du Centre d’Information Technologique de l’Université de Princeton en conclut que la paréidolie des réseaux neuronaux est différente de la nôtre. Les codeurs d’algorithmes s’obstinent à les rapprocher de la pensée humaine mais devraient plutôt accepter leur « différence artificielle ».

Joseph Modayil, de l’Université d’Alberta, illustre la forme d’intelligence des robots, différente de la nôtre, en proposant l’analogie de la perception d’une fleur par un humain et une abeille : tous deux sont attirés par elle pour des raisons distinctes. Leur « intelligence » respective de la fleur est radicalement différente. De même, une perception propre par les robots de notre monde doit être comprise et acceptée.

De son côté, Jeff Clune de l’Université du Wyoming confirme, en expliquant que les réseaux neuronaux sont des boîtes noires qui suivent des règles basées sur des volumes de données ingérables par le cerveau humain. La forme d’intelligence qui en découle ne peut donc pas être de même nature.

Au delà, le professeur Fumiya Iida de l’Université de Cambridge a créé un robot qui se reproduit : il fabrique des nouvelles générations de lui-même toujours plus performantes. Ce processus cyclique, itératif et d’appréciation est inspiré de l’évolution darwinienne mais à vitesse accélérée.

Entre une aptitude à penser notre monde différemment et une capacité à se reproduire en s’améliorant, les robots peuvent inquiéter ou ravir. Les pessimistes y verront un risque de déclin de l’humanité et les optimistes apprendront de l’étrangeté de la pensée des réseaux.

 

Bruno Bonnell

Et aussi : Etre ou ne pas être artificiel

Une réflexion sur “ Différence artificielle ”

  1. Merci pour cet échange, une autre façon d’imaginer demain et poser ses yeux avec curiosité sur le monde . Ou comme le disait Charlotte Perriand #avoir son oeil en éventail .

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