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ROBO AFRICA

Depuis octobre 2013, le « roulage » au carrefour du Parlement, sur le boulevard Lumumba à Kinshasa n’est plus assuré par un policier. Un robot en aluminium de 2,50 mètres de haut régule la circulation d’une des artères principales de la capitale congolaise. Pivotant le buste qui passe du vert au rouge, il lève les bras comme un agent pour bloquer alternativement les voies.

« Un robot qui fait la sécurité routière et la régulation routière, c’est vraiment Made in Congo ! », assure Thérèse Inza, la Présidente de l’association Woman Technology.

C’est elle qui a construit ces machines conçues pour résister aux rigueurs du climat équatorial et dont l’autonomie est assurée par des panneaux solaires dans des quartiers qui ne sont pas reliées au réseau électrique. La fondatrice de l’association voulait à l’origine proposer des débouchés aux femmes congolaises titulaires d’un diplôme d’ingénieur. Grâce aux robots, elle projette désormais de créer des emplois dans tout le pays.

Les gigantesques embouteillages de Kinshasa, où vivent plus de 10 millions d’habitants sont un excellent terrain d’expérimentation pour les « RRI », Robot Roulage Intelligent : plus de 600 carrefours dangereux ont été repérés pour être équipés avec le soutien de Val Manga, président de la Commission nationale de prévention routière congolaise.

La population constate aussi qu’avec les robots, la discipline est plus respectée. Franck Mavuzi, chauffeur de taxi-bus, s’enthousiasme: « Le robot est bon. Que Dieu bénisse ceux qui l’ont inventé. Les policiers du roulage nous tracassent trop, qu’on laisse seulement les robots travailler ! ».

Ces RRI, prouvent que la robotique se développe aussi en Afrique. Audacieuse, Madame Inza affirme : « Nous devons vendre notre intelligence dans d’autres pays de l’Afrique centrale comme d’ailleurs, pourquoi pas, aux Etats-Unis, en Europe ou en Asie ? ».

Quand la demande mondiale de bande passante a quintuplée entre 2008 et 2012, elle a été multipliée par 20 sur ce continent où sont nés le système de services bancaires mobiles M-Pesa et la plateforme de gestion de catastrophe naturelle Ushahidi, tous deux utilisés aujourd’hui dans le monde entier. Ce continent hébergera, en 2050, 40% de la population mondiale d’enfants de moins de 10 ans d’après la World Bank.

Et si la robotique, dont personne n’a le monopole, était pour l’Afrique l’opportunité industrielle à ne pas rater ?

 

Bruno Bonnell

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